Religulous : une sortie française qui s'est bien tapé l’affiche

Publié le par Un film pour ce soir

 Le documentaire Religulous suit les pérégrinations d’un athée partant à la rencontre des représentants les plus farfelus des 3 grandes religions monothéistes.  Ne rechignant pas à user de mauvaise foi, mais souvent avisé, Bill Maher, le Candide de ce conte, confronte ses interlocuteurs aux contradictions les plus évidentes de leurs propos et de leurs convictions. N’en déplaise aux tenants du «  On ne peut pas rire de tout, et encore moins avec n’importe qui », ce documentaire a le mérite d’aborder un sujet tabou avec humour, et de borner là ses ambitions.

 Polémique, enlevée, « grand public », abordant une thématique universelle, on peut se demander pourquoi l’œuvre de Bill Maher est restée aussi confidentielle en France. Le fait que son nom parle moins que celui de Michael Moore a très certainement joué… quoique à tout prendre, un Religulous vaille bien un Sicko. Il y a un élément de réponse dans la manière dont le film a été mis en avant par le distributeur français. 

Le titre français : pardonnez-leur, ils ne savent pas ce qu’ils ont fait !  

  Le titre américain est un mot-valise formé par Reli pour « religious », et -ulous pour « ridiculous ». Alors la transposition en français, oui, il fallait la tenter. Mais était-il bien nécessaire de la garder ? Religolo, ça rime avec Lego, logo, et ça fait penser à dégueuli et rigole. Quant à donner une idée de l’ambiance du film, désolée mais il faudra repasser.


L’affiche française : le remake simiesque de Babe ?

religolo-french-version

 

Cette affiche est dramatiquement premier degré. On dirait le poster d’un de ces mauvais films américains où le héros est joué par un animal. La punchline (« Au nom du père, du fils, et du… sain d’esprit ! ») use d’un procédé potache, et déplacé par rapport au ton du film, en recourant au jeu de mot franchouillard, plutôt que de chercher la subtilité. La version française donne dans le même registre qu'une autre punchline restée célèbre : « Ils sont venus, ils ont bu… ils ne se souviennent plus ! ». Sauf que cette dernière colle à l’esprit de Very Bad Trip. La punchline de Religulous… pardon, « Religolo », échoue à recréer l’humour teinté de cynisme et de provocation qui caractérise le documentaire. En formatant l'affiche au contenu d'une comédie américaine standard, le distributeur français passe à la trappe tout ce qui fait l'originalité du documentaire. Mauvais pari.


A titre de comparaison, voici les 2 principales affiches utilisées pour la sortie américaine :

Religulous american versionReligulous american version
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les images mettent en avant Bill Maher, qui est une célébrité aux USA. Elles font le job : illustrer la cible (les fanatiques religieux) et l’angle d’attaque (l’anecdocte plutôt que le discours de fond). Ainsi, l’affiche du toast grillé est une référence directe à cette Américaine qui a gagné 28 000 $ en vendant aux enchères un toast sur lequel le visage de Jésus serait apparu… Les punchline, « Heaven help us » ou "Do you smell something burning?" prennent tout leur (double) sens dans le contexte de l'image, en harmonie avec celui du documentaire.

 

Religulous est un documentaire américain de Bill Maher, réalisé par Larry Charles, sorti en salles en 2008. 

 

Voir aussi :

 

Hot Coffee : le documentaire bien serré

 

 

 

 


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