Femmes éplorées, hommes au chevet

Publié le par Dans ton Culte !

the shop around the corner lubitschAvec The Apartment de Billy Wilder et The Shop around the Corner d’Ernst Lubitsch, les objets et regards échangés de chaque côté du lit en disent long sur l'amour prêt à éclore.

Femmes éconduites

 The Shop around the Corner (ci contre). Klara Novak se fait, ou plutôt, pense s’être fait poser un lapin par l’inconnu avec qui elle échangeait une correspondance passionnée. Le chagrin la conduit à garder le lit. Alfred Kralik (l'irrésistible James Stewart), supérieur hiérarchique qu’elle déteste, vient lui rendre visite.

 

garconnière wilder The Apartment (à droite). Fran Kubelik tient le lit après avoir tenté de se suicider. La pauvre a eu le cœur brisé par son patron et amant. L’employé dont l’appartement abritait leurs ébats va devoir, par le jeu du hasard, prendre soin d’elle.

 

Hommes confesseurs

Dans les deux films, la scène se produit à la suite d’un moment fort. Dans The Apartment, Fran Kubelik vient d’essayer de se tuer ; dans The Shop, Alfred Kralik a découvert qui est l’inconnue qui l’a (et qu’il a) conquis par ses seules lettres. Cet interlude au chevet de leur belle permet de rapprocher les personnages : un tête-à-tête à la tonalité particulière, dans l’intimité de la chambre. Les hommes taisent leur sentiment, et tiennent la place du confesseur. Fran et Klara, rendues vulnérables par leur position (étendues) et leur situation (éconduites), dévoilent leur passé, et leur projet.

garconnière wilderL’objet médiateur

Sur le plan de la parole, les duos ne sont pas au diapason au cours de cette scène : Fran est encore amoureuse de son patron, Klara de l’épistolier inconnu. La différence est marquée spatialement (l’un est assis, l’autre couchée).

Le lien entre homme et femme se crée plutôt via les objets : dans The Apartment, les cartes de jeu ; dans Shop around the Corner, les lettres. Le dénouement du premier film, et l’intrigue du second, confèrent à ces objets une symbolique forte. Lettres et cartes, en liant deux personnages que rien ne rapprochait, sont vecteurs et porteurs de l'amour à naître.

Des atmosphères différentesthe shop around the corner lubitsch

La scène de Shop around the Corner est clairement romantique : cadre serré, lumière allumée, échanges de regards, et un même centre d’intérêt, les lettres.  L’amour est déjà dans l’air, une véritable complicité s’installe entre Alfred Kralik et Klara Novak. Tandis que dans The Apartment, le cadre plus large, la lumière éteinte marquent une distance certaine. Fran Kubelik, encore groggy, le regard dans le vague, montre peu d'intérêt pour le jeu. C.C Baxter prend certes soin d’elle, mais veille dans le même temps à ce que Fran ne compromette pas leur patron.

Au contraire, dans The Shop, Klara finit la scène avec le sourire, en lisant une nouvelle lettre – prometteuse - de son amant. Fran, quant à elle, abandonne les cartes et sombre dans un sommeil profond. Ceci préfigure la tonalité du « happy end »  de chaque film : dans les règles de l’art chez Lubitsch, mi-doux mi-amer chez Wilder.

 

The Apartment 1960, Billy Wilder. Critique Dans ton Culte ! ici

The Shop around the Corner, 1940, Ernst Lubitsch.

 

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D
<br /> Bonjour Mamzelle,<br /> ces deux films sont géniaux (quoique très différents malgré cette scène en commun), de très bons moments en perspective !<br /> au plaisir de vous lire,<br /> Angélique<br /> <br /> <br />
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M
<br /> Je n'avais jamais vu ce film<br /> bonne nuit !<br /> <br /> <br />
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